Ebook ou livre papier

Le format ebook va t’il remplacer notre format papier ? Rien n’est moins sûr….

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Voici un sujet fortement débattu depuis quelques années : l’ebook va t’il remplacer le livre traditionnel ?

L’argument des anti-ebooks est toujours le même: « je n’aime pas lire sur ordinateur, j’aime le contact du papier ».

L’argument des pro-ebooks est que c’est l’avenir, l’écologie, bref  l’évolution du livre.

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Quels arguments pour les ebooks ?

Argument n°1 : l’ebook peut être obtenu instantanément.

Cet avantage est de plus en plus à modérer, car si cela est incontestable, désormais, avec les librairies en ligne, il est désormais possible d’obtenir le livre de son choix chez soi en moins de 24 heures. C’est donc un argument pour les hyper-pressés uniquement !

Argument n°2 : l’ebook est écologique.

Dans un billet précédent, j’expliquai pourquoi l’ebook est écologique seulement sous certaines conditions. L’argument écologique ne tiendra que si la consommation numérique est massive, que les nouvelles technologies de lecture utilisent des composants réellement recyclables, et que l’utilisation de supports déjà existants est valorisée.

Argument n°3 : l’ebook est voué à remplacer le livre papier.

Beaucoup de gens (dont moi) n’y croient pas une seconde. L’ebook pourrait prendre une place parallèle au livre, et constituer un format alternatif. A long terme, seuls des formats de lecture complètement révolutionnaires pourront peut-être remplacer le papier, dans une forme de lecture intégrant textes courts, images, vidéos et internet.

Une voie apparement explorée est même de faire évoluer le papier qui pourrait alors embarquer de l’encre électronique. Notre livre papier pourrait alors embarquer des dizaines d’ouvrages et pourrait alors se « transformer », la couverture et le contenu changeant à la demande.

Argument n°4: l’ebook permet de remettre au goût du jour des ouvrages qui étaient délaissés.

C’est totalement vrai pour l’instant, mais par un effet indirect uniquement : en l’absence d’offre unifiée, les lecteurs se tournent vers des sites offrant massivement la numérisation d’oeuvres désormais libres de droits. C’est gratuit, donc très téléchargé, mais peu de personnes lisent en réalité les ouvrages téléchargés. Même si certaines personnes se mettent du coup à se découvrir un goût pour la littérature, cela ne crée pas de vague massive de lecture.

Argument n°5 : L’ebook prend moins de place.

Un point fort qui pourrait en effet faire le succès du livre éléctronique pourrait bien être son faible encombrement. Mais ce ne serait pas au niveau du particulier encore une fois que serait la révolution. Car bien que beaucoup de lecteurs sont fiers de dire qu’ils transportent plus de 1000 livres avec eux grâce à l’ebook, ce sont souvent les mêmes qui ne les lisent pas.

Mais les initiatives de l’éducation nationale pourraient par contre (on en est encore loin) révolutionner les choses avec le « cartable électronique », pour alléger et soulager le dos de nos charmants bambins.

Argument n°6 : l’ebook est moins cher car il n’y a pas les coûts de production du papier.

Cette attente était une utopie, en tout cas en France et pour l’instant. En effet, de nouveaux frais sont venus remplacer une partie des frais liés au papier, la loi protège le prix du livre, et les éditeurs craignent une dévalorisation du produit papier, leur source de revenus principale. Au bout, la réduction est à peine visible. Ce n’est donc pas un argument valable, du moins pour l’instant. Mais il y a fort à parier que cette protection ne cédera pas comme ça dans un pays ayant la culture du livre comme la france….

Argument n°7 : l’ebook va permettre une production différente grâce à l’auto-édition.

C’est déjà vrai, et voilà une piste sur laquelle planchent de nombreux industriels, sous forme de nouvelles maisons d’édition, mais aussi de plateformes de téléchargement qui permettront aussi de proposer son propre ouvrage.

Voici donc enfin une réalité nouvelle et positive apportée par l’ebook. Mais il faudra que ces petites productions arrivent à survivre face à la puissance de maisons d’édition qui feront tout ce qu’il faut pour défendre leur business.

Car voyez ce qu’a réellement permis l’auto-production dans la musique ? Cette révolution annoncée il y a quelques années n’a pas fonctionné du tout, car les majors ont toute la visibilité. L’auto-édition papier qui existe subit déjà le même sort et reste dans l’ombre, même si elles s’est organisée et structurée autour d’entreprises très dynamiques.

Le réel intérêt des ebooks…

Alors que beaucoup se demandent si l’ebook a un avenir, la réponse est en toute certitude oui, mais sous une forme totalement différente de celle que nous connaissons.

1-Les ebooks aujourd’hui : une voie royale pour une production alternative.

Il y a des marchés différents et innovants pour les ebooks : par exemple, des ouvrages sur des thèmes délaissés par l’édition car trop ciblés (un éditeur traditionnel doit viser large), ou des ouvrages sur des thèmes pratiques et courts (30 à 50 pages PDF maximum).

Dans ce cadre, un excellent ouvrage ne serait plus automatiquement un ouvrage comportant 200 pages de théorie expliquée par un expert réputé, mais un guide qui en 30 pages rend l’acquisition d’un savoir ou d’une compétence extrêmement claire. Les prix seraient alors aussi à la baisse…L’ebook permettrait alors de passer de l’ère de l’expertise  à l’ère de l’hyper-pédagogie.

L’ebook aujourd’hui n’est pas le concurrent du livre, il est le concurrent direct d’internet qui propose une information certes souvent gratuite, mais qui n’est ni unifiée, ni vérifiée, et qui reflète plus souvent des opinions que des connaissances.

La collection papier « pour les nuls » et les nouvelles collections pratiques qui l’imitent montrent que le potentiel est énorme pour des productions « pratiques » et orientées vers l’information concrète et non vers la littérature ou plus largement la lecture.

2-Les ebooks de demain : une nouvelle manière de lire.

Les ebooks de demain seront une nouvelle manière de lire, sur de nouveaux supports. Je pense que nous lirons de manière électronique d’ici peu de temps. Mais seulement lorsque les supports auront évolué vers des outils intégrant image, vidéo, internet, et le tout avec la couleur bien sûr.

Avec une connectivité wifi, et une lisibilité améliorée, alors il y aura un vrai marché pour la lecture. Mais cela demandera de repenser entièrement la manière d’écrire.

Lorsqu’on sait que les Américains ne lisent plus, et que les français suivent le même chemin, remplaçant la lecture d’ouvrages par la consultation d’informations sous forme image et multimédia, ou la lecture des articles courts et illustrés des magazines, on pourrait imaginer que l’ebook viendra peut-être un jour à la rescousse de la lecture, mise à mal par un support un peu vieillissant….

L’édition pourrait aussi vivre une mutation, son métier nécessitant l’adaptation aux nouveaux médias. En prenant le marché des ebooks multimédia et enrichis, l’édition pourrait ainsi garder son avance, à l’heure où l’auto-édition prend de plus en plus de place dans le paysage.

Mais pour cela, il y a encore du chemin à parcourir….