Scanner les livres: la solution qui fait trembler l’édition !

Le scan maison : un vrai phénomène de société au Japon.

Voilà une tendance qui doit faire frémir les éditeurs du monde entier : le scan des livres papier effectué par les utilisateurs eux-mêmes. Au Japon, le phénomène prend une ampleur sans précédent. Non seulement les particuliers numérisent eux-mêmes leurs propres livres papier, mais des sociétés se créent pour répondre à une importante demande.

Numériser soi-même : le « Jisui »

Le « Jisui » est l’équivalent du « DIY (Do it yourself) » américain. Faire soi-même ses propres ebooks est donc une tendance qui prend de l’ampleur, au point que les ventes de scanners auraient explosé.

Les utilisateurs n’hésitent pas à détruire leurs livres en les coupant avant la reliure pour avoir une suite de pages. Les ventes de massicots ont d’ailleurs explosé en même temps que les ventes de scanners.

Equipé d’un scanner multi-pages, il suffit ensuite de mettre son « livre » dans le réservoir et le scan s’effectue page par page sans intervention humaine.

Scanner soi-même : méthode douce et méthode destructive

Dans le scan version « douce », on tourne les pages de son livre une à une, puis on transforme le document obtenu au format PDF. Si on préfère une vraie numérisation dans un format de type ePub, plus adapté à la lecture sur un appareil à encre électronique, il faut dans ce cas passer le document obtenu à la reconnaissance optique de caractères, puis corriger les erreurs, mettre en pages et par exemple exporter le tout au format ePub.

Mais tout cela est long, très long….

Un nouveau scanner change la donne


Apparu pendant le CES 2011, ce nouveau scanner a tout de suite généré des réactions très positives des particuliers, et une réaction beaucoup moins positive de la part des professionnels du livre. D’ici à ce que certains demandent à ce qu’une loi soit ajoutée pour interdire ce type d’appareil….

La machine permettrait en effet de scanner une paire de pages toutes les 7 secondes, manipulation comprise. Il reste bien sûr tout le reste du travail, mais c’est quand même un progrès.

C’est une solution idéale pour ceux qui tiennent à leurs livres, et ne veulent pas les détruire au profit d’une version numérique.

Le scan destructif :

Dans le scan destructif, on utilise un scanner à documents. On « massicote » le livre pour avoir une série de feuilles, qu’on va alors introduire dans le chargeur de documents d’un scanner conçu pour scanner en masse (comme on en trouve dans les entreprises). On perd donc le livre (les amoureux du papier vont s’arracher les cheveux), et en contrepartie, plus la peine de passer des heures à tourner les pages à la main. Le système de la coupe permet aussi d’avoir des pages parfaitement droites.

Une fois le scan complet effectué, il suffit de transformer toutes ces images en un PDF que l’on pourra ensuite installer dans le lecteur de son choix.

Le scan effectué par des entreprises spécialisées….

Au Japon, la demande est tellement forte que des entreprises sont venues à la rescousse des particuliers pour proposer le scan des ebooks. On en compterait déjà une 60 aine.

Le Sydney Morning Herald donne l’exemple de Yusuke Ohki, ce Japonais de 28 ans qui a d’abord entrepris de scanner ses 2000 livres, avant de se dire que cela pourrait intéresser d’autres personnes. Et ce sont aujourd’hui 120 employés qui scannent ainsi dans un cadre légal flou les livres pour le compte des Japonais à un tarif défiant toute concurrence de 100 yen (- de 1 €) par ouvrage .

Le problème est que selon la loi Japonaise, il faut l’autorisation de l’éditeur d’un ouvrage pour pouvoir faire scanner le livre par un acteur tiers. Or les entreprises qui proposent ce genre de services ont prévu une petite case à cocher selon laquelle le client a eu cette autorisation.


Un risque de « contagion » ?

Si l’offre légale ne se constitue pas ou si elle n’est pas intéressante, ce genre de solution se développera. L’expérience du Japon montre à quel point les consommateurs peuvent être ingénieux lorsqu’ils veulent quelque chose et que personne n’est là pour répondre à la demande.

La situation Japonaise est certes particulière :  la place manque souvent, et l’argument numérique = gain de place a beaucoup plus d’importance que chez nous. Il semble aussi qu’au Japon, il ne soit pas facile de trouver les versions ebooks de ses livres papier. D’autres raisons créent ce besoin, comme des prix élevés (on connaît aussi), des problèmes de copyright, et de reproduction des idéogrammes sur écran.

Dans notre pays à la fois champion des lois pour le livre numérique et champion du piratage (n’y voyons pas de cause à effet), il est presque certain que l’on ne permettra pas que des entreprises numérisent des livres papier pour en faire des ebooks, mais aussi que ce genre de solution pourrait se développer, dans un but un peu différent : partager les fichiers.

A l’ère numérique, Le pire ennemi de l’édition pourrait donc finalement prendre la forme d’un scanner capable de scanner tout seul un ouvrage entier, et à un prix accessible pour le grand public.