Payez 30% de commission ou allez-vous en de l’iPad !
J’avais dit il y a quelques jours mon inquiétude concernant les applications de lecture des grands acteurs payants comme Kindle, Nook, Kobo ou FnacBook sur iPad, suite aux mesures de « nettoyage » d’Apple concernant les éditeurs de presse, et qui aurait pu s’étendre aux ebooks. La mauvaise nouvelle est maintenant confirmée….
L’application Sony vient d’être refusée sur iPhone au motif qu’elle renvoyait vers un catalogue extérieur. Comme on pouvait s’y attendre avec les derniers évènements, Apple a donc manifestement choisi d’interdire cette pratique pratiquée par tous.
Mise à jour 2 février : Apple s’est expliqué, et précise qu’il n’a pas changé les conditions. Il sera toujours possible d’aller télécharger des ouvrages hors de l’application, mais il faudra simplement aussi proposer cette possibilité dans iTunes.
Il est maintenant clair qu’Apple n’acceptera pas qu’on utilise le système de distribution Apple sans payer pour cela.
Premier round : venez tous sur l’iPad, aux côtés d’iBooks
Apple a très bien joué le coup, en acceptant sans hésiter les concurrents d’iBooks, ce qui avait étonné certains observateurs.
Apple a ainsi pu devenir le n°1 en termes de catalogue puisque toutes les applications de lecture et catalogues qui vont avec étaient donc disponibles sur leur iPad. L’argument a d’ailleurs parfaitement fonctionné, puisque l’iPad est utilisé comme lecteur d’ebooks par des millions d’utilisateurs. Tout ou presque y est disponible…
Second round : contournez les conditions, on vous laisse faire
Je me suis toujours demandé ce que feraient les éditeurs des applications de lecture qui proposent leur catalogue le jour où Apple changerait les conditions.
En effet, les conditions générales laissent un vide concernant l’achat d’ebooks, et permettait de contourner la commission de 30% d’Apple prise normalement sur toute vente.
Il suffisait pour cela de sortir de l’application en partant sur le navigateur, d’effectuer son achat sur le site du distributeur, puis de revenir dans l’application, où il pourrait lire l’ebook.
Pour l’éditeur, cela permettait de proposer son application gratuite, et de vendre en passant par l’iPad.
Troisième round : payez ou partez !
Il était prévisible qu’Apple ne laisserait pas indéfiniment des acteurs, surtout concurrents, gagner de l’argent sur leur plateforme tout en contournant les règles pour ne pas payer à Apple leur du. Apple a donc choisi de serrer la vis.
Cela a commencé il y a peu de temps, quand Apple a contacté les éditeurs de presse qui offraient un « pack » papier + application iPad, mais où l’application iPad était gratuite. Apple a contacté ceux qui pratiquaient ces offres et précisé que les futures conditions ne permettraient pas ce genre de pratique. Il est désormais nécessaire pour ces applications de devenir payantes, et donc de payer une commission à Apple.
J’ai ce jour là expliqué dans ce billet que le vent risquait de tourner pour les applications ebooks dans le billet « Inquiétude pour les applications ebooks sur iPad » .
Aujourd’hui le New-York Times confirme que Sony vient de se voir refuser son application pour iPhone au motif qu’elle renvoie vers un magasin d’ebooks extérieur.
Les nouvelles conditions qui vont s’appliquer vont donc toucher la majorité des acteurs concurrents, présents sur l’iPad, du moment qu’ils renvoient vers un magasin extérieur pour acheter.
C’est une catastrophe pour beaucoup, car le modèle est certainement beaucoup moins voire plus du tout rentable avec 30% de commission sur chaque vente, et les distributeurs se sont habitués à cette nouvelle source de revenus. Les applications de presse déjà présentes ont jusqu’au 31 mars pour changer leur fonctionnement ou être refusées. On peut imaginer que la même date sera appliquée pour les ebooks.
Quatrième round : négocier, accepter ou miser sur android ?
On peut imaginer que les acteurs les plus importants ont déjà prévu le cas. Mais est-ce que ce sera le cas pour les autres ? Si un plan B a peut-être été prévu par des groupes comme Amazon ou Google, impossible de dire si ce sera le cas pour des acteurs plus modestes.
Il ne reste maintenant plus qu’à essayer de négocier la commission, à partir ailleurs ou à accepter les conditions d’Apple.
Les négociations seront compliquées, le seul levier étant que si tout le monde s’en va, c’est Google, déjà très actif pour rattraper son retard, qui fera certainement ce qu’il faut pour récupérer tout le monde sur android, et donc aussi une partie de la clientèle, ce que doit craindre Apple. L’arrivée d’Honeycomb pourrait donner de nouvelles opportunités pour ces acteurs, si Google choisit d’être plus « souple » qu’Apple.
Apple, quels que soient ses objectifs, est presque dans une position de toute puissance par rapport aux applications des concurrents. En combinant une stratégie agressive et des évolutions majeures sur iBooks, Apple pourrait reprendre la main dans le domaine des ebooks, à moins que l’objectif ne soit plutôt de vraiment profiter du boom des ebooks en prenant des commissions sur chaque vente.
On va sûrement beaucoup en entendre parler les mois prochains…