Apple osera-t-il mettre les concurrents d’iBooks dehors ?

Les catalogues de plus de 3500 ebooks ne peuvent techniquement pas rester sur iOs.

L’idée semble incroyable tant ce serait une déclaration de guerre de la part d’Apple envers ses concurrents. Pourtant, il n’est pas possible à ce jour de vendre plus de 3500 références dans une application, alors qu’Apple exige que le paiement soit proposé à même l’application. Une situation sans issue pour les autres distributeurs…

Impossible de rester sur l’iPhone ou l’iPad ?

Si les choses en restaient là, et que les conditions n’étaient pas modifiées, cela signifierait qu’aucun des gros catalogues comme Barnes & Noble, Kobo, Amazon ou Google ne pourraient pas proposer plus de 3500 titres. Et comme Apple depuis peu considère que pour pouvoir vendre un titre hors de l’application, il faut aussi le proposer en achat dans l’application, il faudrait donc avoir moins de 3500 références pour être accepté sur l’écosystème Apple.

 

Quelles explications ?

Première explication : c’est une erreur.

Ce n’est pas impossible, après tout. Apple veut faire respecter certaines conditions, mais sans avoir pensé à ce point du règlement. Dans ce cas, on peut imaginer une adaptation rapide de ce point du règlement.

Deuxième explication : Apple crée des conditions intenables pour les concurrents.

Apple pourrait avoir décidé que l’ouverture aux autres applications était une erreur et que cela a freiné le développement d’iBooks. Il est vrai que le catalogue ne donne manifestement pas les résultats escomptés. En rendant les conditions intenables, il pourrait ainsi mettre dehors des applications qui lui font en fait une concurrence déloyale (puisqu’ils ne payent même pas pour être là).

Un positionnement extrême, qui surprend les observateurs…

Comme on peut le lire sur le site « The digital reader » , la position d’Apple a changé de manière presque inexplicable du jour au lendemain. L’achat hors application était considéré il y a encore peu comme tout à fait acceptable et l’interprétation plus stricte d’Apple serait arrivée sans prévenir, selon des sources du site.

Mais ce qui rend cette position incompréhensible, c’est qu’elle tombe en même temps que l’arrivée de Google, qui n’en attendait pas tant. En effet, avec l’arrivée de Google et de son nouvel OS conçu pour les tablettes, sa volonté de pénétrer le marché, et les nombreuses tablettes qui arrivent, Apple semble se tirer une balle dans le pied et envoyer directement tout le monde à la concurrence.

Même sans cette condition, impossible de rester chez Apple…

A moins de contourner d’une manière différente le système de commission d’Apple ou de réussir à convaincre la grande majorité des acheteurs de ne surtout pas acheter depuis l’application, grands comme petits acteurs n’ont aucun intérêt à rester.

Comme l’explique sur son blog un développeur de l’application iPad de l’acteur Kobo, aucun distributeur ne gagne 30% sur les ventes, car le distributeur est payé à la commission par l’éditeur, et qu’il y a aussi des frais pour gérer une application. Il faudrait donc fonctionner à perte sur iOs pour rester. Pas sûr que ça intéresse grand monde.

Et Apple ne semble pas prêt à négocier, au moins pour l’instant.

La loi au secours des distributeurs ?

C’est peut-être là que tout pourrait se jouer. Les autorités anti-trust américaines, plutôt sourcilleuses sur les pratiques empêchant une libre concurrence, semblent regarder, ainsi que la commission européenne, le principe de paiement in-app obligatoire d’un mauvais oeil. C’est en tout cas ce que reporte le Wall Street Journal, concernant le système de souscription proposé par Apple.

Si en plus la condition est impossible à remplir, il n’est pas improbable qu’une procédure sera intentée contre Apple.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Il y a beaucoup de questions en suspens, avec deux grands scénarios qui se dessinent : celui d’une tentative de récupérer des sous, et celui d’une élimination de la concurrence. On sera vite fixés puisque l’ultimatum d’Apple est fixé au 31 mars.

Mais Apple semble désormais considérer iOs comme son réseau exclusif de distribution. En attendant, Google va peut-être récupérer des distributeurs bien trop dépendants de ces puissants acteurs. Google, avec Google ebooks pré-installé à même android, pourrait d’ailleurs avoir un jour aussi cette tentation de réserver son écosystème à sa seule solution.

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Source : Alan Quaterman via The Digital Reader