EBOOKZ 2 fait le point sur l’offre numérique illégale

Un piratage qui évolue au rythme de l’offre légale…

On manque souvent de chiffres concrets et récents concernant le piratage pour étudier son ampleur concernant le livre numérique. Mathias Daval, d’Edysseus Consulting nous en fournit de tous nouveaux avec l’étude Ebookz 2, rédigée pour le MOTif. Ce rapport vient mettre à jour, 18 mois plus tard, l’étude Ebookz 1.

Pour poser le cadre de cette étude…

Le rapport précise bien que l’étude porte sur le « piratage numérique du livre » et non le « piratage du livre numérique » . Cette distinction permet d’intégrer le gros des fichiers pirates : des scans de livres papier. 4% seulement des fichiers partagés seraient en effet des fichiers numériques produits par les éditeurs.
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J’ai choisi ici de souligner certains points. Pour lire l’intégralité du rapport, rendez-vous sur le site du MOTif, ou cliquez sur le lien en bas de page à la fin de votre lecture.

Les pirates s’organisent

Une nouvelle organisation pirate bien organisée

On voit dans cette étude que des équipes se constituent, et que la dernière en place en France est aussi la plus connue désormais. HTML,
 Word,
 Mobi,
 ePub et
 PDF sont proposées dans des packs à télécharger, en plus de la couverture des ouvrages, et la qualité de leurs numérisations serait en plus excellente.

On voit que pour de telles équipes, qui utilisent des outils pour veiller, mettre à jour et informer les lecteurs, les DRM sont inutiles…leur capacité à diffuser est par contre maximum. Et ce qui est à mon avis intéressant est cette capacité à offrir de multiples formats, chose que font trop peu d’éditeurs.

Un forum à succès Un Forum hébergé en Tunisie serait très actif concernant les ebooks piratés. Avec une page Facebook comptabilisant 3000 membres et une estimation de 1500 visiteurs par jour, cet espace de piratage rencontre un vrai succès. Il n’a pas été cité, bien entendu, dans l’étude. Les codes à copier-coller sur d’autres forums permettent de diffuser rapidement les liens vers des fichiers illégaux.

Comble de la situation, il y a aussi des liens d’affiliation vers Amazon pour acheter le livre.

Par quel biais se font les téléchargements illégaux ?

L’étude a observé plusieurs circuits à la recherche d’ebooks illégaux :

  • Les réseaux Peer to peer (eDonkey et Torrent)
  • Le téléchargement direct (DDL)
  • Usenet et ses newsgroups
  • IRC (internet relay chat)
  • HTTP (les consultations en streaming)

Il ressort de l’étude qu’il n’est pas si facile que cela de trouver un ebook précis, en dehors des grands Best-sellers, mais que la tendance de fond est à une meilleure accessibilité.

Le téléchargement direct est en nette progression car il est plus rapide et pas évident à surveiller. Tout le monde sait qu’Hadopi ne sait pas surveiller ces circuits, donc ce genre de méthode connaît un intérêt renforcé. Quant à l’IRC ou aux consultations en streaming, ces solutions sont manifestement utilisées de manière anecdotique.

C’est donc bien l’utilisation organisée de sites de téléchargement direct, avec des changements quotidiens de liens pour remplacer ceux retirés qui vient concurrencer le Peer-to-peer aujourd’hui.

Combien de titres disponibles ?

Les différents circuits de distribution hébergeraient ainsi 2000 à 3000 ebooks, et 6000 à 7000 titres de bande dessinée, ce qui fait donc de 8000 à 10000 ouvrages en cumulant les deux.

Nous avions dénombré, dans « EbookZ 1 », 1 000 à 1 500 titres d’ebooks et 3 000 à 4 500 titres de BD (ainsi que 200 à 300 titres de livres audio), soit 4 000 à 6 000 titres en tout. On voit que l’offre en 2010 a augmenté de presque 70 % dans sa fourchette haute.

Tout cela signifie donc que le piratage, même s’il s’organise, attend manifestement le développement de l’offre légale pour exploser. Il est en effet plutôt logique que l’offre augmentera s’il n’y a pas à scanner les livres, mais simplement à craquer les DRM.

Les points à retenir :

  • Un déplacement du piratage vers de nouveaux circuits.
  • Une organisation plus « professionnelle » des pirates, qui arrivent en plus à proposer des ouvrages de qualité.
  • Une évolution relativement lente (le piratage n’a pas explosé)
  • Une qualité de fichiers excellente, et peu de « fakes » (de liens vers des fichiers sans rapport avec le titre)
  • Des fichiers pirates dont seulement 4% viendraient des fichiers numériques des éditeurs,
  • Une grande présence des nouveautés, en plus des Best-sellers,
La conclusion que l’on peut lire sur le rapport :

Le meilleur moyen d’enrayer le développement du piratage est la mise en place d’une offre légale attractive et de qualité. Propos aujourd’hui partout relayés par les acteurs du livre dans les nombreux débats professionnels sur le numérique, y compris par les élus au sein de l’Assemblée nationale. Reste à déterminer précisément ce que constitue l’attractivité de cette offre et dans quelle mesure le marché rencontre les usages (et réciproquement), car il existe un risque d’accroissement du piratage avec le développement du légal numérique, tant que la qualité du légal ne l’emporte pas sur la qualité des fichiers pirates.

Pour tout savoir sur le sujet, vous pouvez consulter l’intégralité du rapport ici (format PDF)