Adobe vient de faire un geste, un petit geste apparemment, dans le but d’assouplir les DRM concernant les ebooks. Mais le virage inattendu de l’acteur majeur de ce domaine marque peut-être (enfin) le début d’une nouvelle vision de la manière de protéger les fichiers du piratage….
L’assouplissement en question
Alors qu’aujourd’hui, les verrous numériques d’adobe (et des autres) limitent la manière dont on peut ou pas utiliser le fichier via des systèmes complexes d’activation, qui associent un appareil, un propriétaire et un fichier, il semblerait que le plus grand éditeur de DRM du secteur, Adobe, ait compris l’importance de proposer autre chose.
Aujourd’hui, il est seulement possible pour un éditeur ou un auteur de choisir entre DRM et libre-circulation de ses fichiers. Bien que fondamentalement anti-DRM pour la gêne procurée, je ne peux que comprendre qu’éditeurs et auteurs craignent une libre-diffusion des ouvrages au mépris de leurs droits d’auteur. Il est vrai que la culture du gratuit et du partage n’est pas trop compatible avec une diffusion des fichiers sans protection.
Adobe propose donc dans sa dernière version d’adobe Server 4.1 une solution qui pourrait s’inscrire dans la liste des alternatives intéressantes, et donc s’ajouter à l’alternative filigrane, très séduisante, mais facile à contourner.
Ce que propose Adobe est un verrou « social » (bel effort de marketing pour le nom) : il sera possible de lire le fichier sur n’importe quel terminal avec l’ID adobe et le mot de passe. A ce moment là, il sera possible à l’éditeur de choisir entre laisser le mot de passe libre, et imposer le mot de passe en choisissant une donnée personnelle, récupérée on l’imagine lors de l’inscription (du type n° de téléphone, n° de carte bancaire, adresse email principale, etc…). Le changement de mot de passe sera bien sûr impossible ensuite.
Est-ce un réel progrès ?
Pour l’utilisateur dont le but était de partager les fichiers illégalement, rien de changé, le but sera toujours de casser la protection pour que le fichier soit utilisable à l’état brut. Cela permettra au moins, pour peu que cette approche soit massivement adoptée, de vérifier si le « piratage » est comme le disent beaucoup d’anti-DRM lié aux contraintes fixées par les verrous numériques, ou si c’était, comme le soutiennent les ayants-droits, pour ne pas avoir à payer les fichiers.
Pour l’utilisateur honnête, qui veut simplement se servir de son fichier (c’est à dire l’immense majorité des gens qui s’apprêtent à acheter des ebooks), c’est par contre une petite révolution. Plus de soucis à l’activation, ni de limitation à un ou quelques appareils, ou ce genre de problèmes.
Ce n’est qu’un début.
Il faut de toute évidence que de nouvelles solutions se généralisent pour dissuader de partager, tout en laissant l’utilisateur honnête profiter pleinement de son achat, sans avoir à activer, réactiver, désactiver, et voir son fichier inutilisable quelques années après ou lors d’un changement d’appareil.
Le fait qu’Adobe, leader dans ce domaine, prenne se virage et donc « montre l’exemple » est une bonne nouvelle, et prouve que ces nouveaux verrous « sociaux » ont de l’avenir.
Espérons que beaucoup d’éditeurs feront ce choix, et que les utilisateurs les pousseront à adopter cette version plutôt que les protections habituelles.
Source : Znet (blog Doc&Print) et Adobe