Les ebooks, c’est juste pour vendre du matériel….
Lors de l’interview d’Arnaud Nourry, président de Hachette Livre, interrogé dans le cadre de l’ouverture du Salon du Livre de Paris dans l’émission le buzz-média, on « apprend » que le livre numérique serait pour les grands distributeurs étrangers un produit d’appel pour vendre leur matériel informatique. Une étonnante vision des choses, surtout concernant Amazon…
Tout part d’une question qui surgit, avec le postulat que le livre numérique est un produit d’appel. Amazon voudrait proposer les ebooks à prix cassés pour mieux vendre ses liseuses….Et Arnaud Nourry d’ajouter :
« …on imagine bien que les marges sur le hard sont tellement supérieures à la petite perte consentie sur le contenu que ce n’est pas un modèle idiot pour eux, mais mortel pour nous. »
Oui mais…ce n’est pas si simple que ça !
Les raccourcis pris ici dans le cadre d’une émission courte pourraient laisser penser que l’ebook n’est pour ces acteurs qu’une simple manière de vendre du matériel. C’est ce qui est dit. Mais la réalité est un peu plus complexe.
Pour Apple il est vrai, tous les contenus sont des produits d’appel pour vendre les appareils de la marque. Apple doit donc surtout proposer le choix le plus vaste, qu’il s’agisse d’applications ou de contenus. Mais Apple a choisi de passer un contrat de mandat dès le lancement de l’iBookstore, plutôt que de risquer de se fâcher avec les éditeurs. La stratégie d’Apple n’est donc pas de casser le prix des ebooks, au moins pour l’instant.
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Pour Amazon, c’est différent. Si Amazon gagnait vraiment son argent sur les ventes du Kindle, il ne le braderait pas comme il le fait, et n’investirait pas d’énormes moyens pour que les consommateurs lisent depuis des applications gratuites, ou même depuis le navigateur internet. D’ailleurs, Apple, seul à miser sur les appareils ne propose pas l’application iBooks sur d’autres appareils.
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Pour Amazon, le produit d’appel est le Kindle, pas les ebooks.
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C’est d’ailleurs la même stratégie qui est employée par Barnes & Noble ou encore Kobo, qui rappelons-le, sont eux aussi avant tout des libraires (ou détenus par des libraires), et qui n’ont développé le matériel que pour pouvoir y mettre leurs contenus. Pour tous ces acteurs, l’ebook n’est donc pas un produit d’appel..
Pour Google, c’est encore moins vrai car ils n’ont pas d’appareils à vendre. On pourrait bien sûr penser à un modèle économique où l’ebook serait un produit d’appel pour la publicité.
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Mais il semble que Google a choisi un modèle économique plus traditionnel de commission sur les ventes apportées à ceux qui utiliseront sa plateforme.
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Dans tous les cas, Pour Google non plus, l’ebook n’est pas un produit d’appel pour vendre du matériel..
Ceci étant dit, en dehors de ce point de détail, l’interview est passionnante et très instructive. A regarder….