Amazon fait-il vraiment payer des ebooks gratuits ?

Je lis depuis quelques jours qu’Amazon « tromperait » ses clients en proposant des livres numériques gratuits en version payante. La méthode consisterait à se servir dans les ouvrages du projet Gutenberg, à supprimer quelques mentions et à les mettre sur Amazon pour les vendre. La réalité est un peu moins simple…


Légal, mais moralement discutable…

Ce qui pose problème, ce n’est pas que les mentions légales au début et à la fin de l’ouvrage aient été retirées. En effet, c’est une des conditions posées sur le projet Gutenberg pour ensuite pouvoir utiliser le contenu librement.

Ce n’est donc pas une manière de cacher sa source, mais une condition pour être dans le cadre légal posé par la licence d’utilisation, une licence qui explique qu’une fois ces mentions supprimées, on peut faire ce qu’on veut avec le fichier, et même le commercialiser. Vous trouverez plus de détails sur ce sujet ici (en Anglais).

Cela n’en est pas moins condamnable sur le plan éthique, puisqu’en ne faisant aucun travail de mise en page (en dehors de mettre les titres en gras), celui qui propose le fichier va gagner de l’argent alors que la personne qui a patiemment et bénévolement oeuvré pour mettre en page l’ouvrage (et c’est un gros travail) ne touchera rien.

C’est là que se situe tout le problème, comme l’explique la bénévole, Linda M.Everhart, qui a rapidement contacté Amazon en Octobre, et où elle a reconnu la mise en page exacte qu’elle avait effectuée. (Source : Washington Post)

Amazon est-il réellement en tort ?

Contrairement à ce qui a pu se dire depuis quelques jours, Amazon n’organise pas volontairement la vente de fichiers qui devraient être gratuits, simplement pour « faire plus d’argent ». Amazon est d’ailleurs en contact direct avec les gestionnaires du projet Gutenberg, et ne se lancerait pas dans une opération vouée à faire véritable un scandale.

C’est en fait une personne qui a utilisé la plateforme d’auto-édition de Kindle qui aurait donc proposé son fichier directement à la vente, comme d’autres personnes l’ont manifestement fait aussi, si on se réfère à ce que dit Linda M.Everhart.

On pourra donc reprocher à Amazon de ne pas filtrer les contenus, mais là encore, ce n’est pas si simple. Tout d’abord, un filtrage capable de repérer ce genre de problèmes nécessiterait des moyens humains énormes, et serait donc très coûteux.

Et même si c’était le cas, et si Amazon avait vérifié le fichier, pour quel motif aurait-elle pu le refuser alors qu’il respecte les droits d’auteur ?

La vraie faute d’Amazon est peut-être ailleurs, dans le refus de proposer ces ouvrages sur Kindle, gratuitement et sans DRM, comme l’a toujours demandé l’équipe du projet Gutenberg, sans obtenir satisfaction. Cette solution permettrait en proposant les ouvrages gratuitement d’éviter ce genre de dérive…