La vision « traditionnelle » : une simple numérisation…
Depuis le début de l’ebook, la définition est relativement simple : un ebook est un livre dans sa version numérique.
J’ai toujours combattu cette vision étriquée des choses car elle enferme l’ebook dans une vision calquée sur ce qui existe déjà, et n’invente rien.
A contrario, l’édition a toujours soutenu une vision qui lui donne la main mise sur l’ebook.
Mais ce livre numérisé a toujours du mal à trouver son public…
La rupture proposée par les tablettes tactiles
Les magazines numériques nous font faire un bond directement dans le futur, et créent une expérience interactive dont on peut voir les prototypes ici. Ces magazines vont montrer la voie si ils marchent et influencer profondément la vision de l’ebook de demain.
Côté ebook « augmentés », c’est Vook qui a lancé le premier les hostilités en proposant le vidéobook. Un concept qui a fait sur le moment « hurler » ceux qui défendent le livre, et qui regrettent l’assimilation.
Plus récemment, c’est l’éditeur « Penguin » qui a fait une démonstration impressionnante des ebooks qu’il prépare, et qui intègrent audio, vidéo, interactivité, liens internet…..
Editeurs : la tentation du multimédia.
Le papier électronique est une technologie très récente et innovante (voir dossier, 1ère partie), mais qui ne permet qu’un affichage noir et blanc.
La lecture sur tablette permettra quant à elle une expérience beaucoup plus riche, dite « augmentée » (voir dossier, 2ème partie).
Pour les éditeurs un peu spécialisés, qui par exemple travaillent sur des guides de voyage, des ouvrages très illustrés, ou éditent des produits pédagogiques, la tentation est forte car l’ebook augmenté ouvre de nouvelles perspectives.
L’occasion de reprendre la main :
L’auto-édition fait peur….Avec désormais la possibilité pour un auteur de s’éditer lui-même, d’être distribué par les géants du secteur (Amazon, Google, Smashwords…) et de garder 70 % des revenus générés, les éditeurs sont perçus comme inutiles. Une vague d’auteurs pourrait déferler (tous ceux refusés par les maisons d’édition) et proposer des ebooks à des prix bien inférieurs.
L’ebook augmenté, impossible pour les « petits »…Face au danger représenté par l’auto-édition, mais aussi par de petites maisons d’édition à taille humaine, proches des auteurs, et pratiquant des tarifs ebooks plus intéressants, les grandes maisons d’édition pourraient voir dans l’ebook enrichi la possibilité de mettre cette concurrence à distance. Seuls eux auront les moyens de produire de tels ebooks.
Une nouvelle manière de sauvegarder ses marges…
Les grands éditeurs Français ne veulent pas baisser les prix des ebooks car ils concurrencent le livre papier, leur véritable source de revenus aujourd’hui. En France, ce phénomène est particulièrement marqué, au point de demander l’application du prix unique du livre à l’ebook.
Mais cela est très mal perçu par les utilisateurs qui risquent de se tourner vers d’autres options, moins chères, comme les auteurs autoproduits.
Dans le cas d’un ebook augmenté, il sera possible de fixer des prix plus hauts, et de les justifier. Ainsi, l’édition, si elle arrive à produire en contrôlant ses coûts ( après tout, pas de pilon dans le numérique) pourra vendre à plein tarif des ebooks qui seront perçus comme ayant une forte valeur ajoutée.
Vers deux types d’ebooks ?
Je le crois, même si l’ebook « simple » restera encore un temps le leader du marché. Les grands éditeurs viennent juste de passer le cap d’accepter de numériser, ils ne vont pas anticiper le virage (en tout cas pas chez nous).
L’ebook augmenté n’en est qu’à ses balbutiements, mais il deviendra vite incontournable.
Au final, et à moins que l’on décide d’inventer un nouveau mot pour séparer les 2 réalités distinctes que sont le texte et le multimédia, il y aura deux types d’ebooks sur le marché.
En tout cas, pour les éditeurs, voici un nouveau casse-tête en perspective….