E-Ink contre Sipix : la guerre de l’encre électronique

Deux acteurs, deux technologies, et l’avantage à E-Ink pour l’instant…

Par qui sont fabriqués les écrans à encre électronique que l’on peut voir sur les readers disponibles sur le marché ? Par E-Ink et SiPix, pour l’immense majorité. Mais la guerre entre ces deux acteurs, dominée de la tête et des épaules par E-Ink pourrait être modifiée par l’arrivée de nouveaux acteurs…

Quelques chiffres…

Les chiffres annoncés par AUoptronics (via cens), qui fabrique les écrans SiPix, viennent de tomber. En 2010 (les écrans sont apparus courant 2010 seulement), 400.000 écrans SiPix auraient été fabriqués (et non vendus). Face aux 10 millions d’écrans fabriqués dans le monde, dont plus de 90% par E-Ink, les 4% de SiPix ont l’air bien faibles.

Pourtant AUO annonce vouloir vendre à peu près 3 à 4 millions d’écrans en 2011, et prendre 20% du marché, un chiffre ambitieux certes, mais qui prouve aussi que les perspectives sont très bonnes, meilleures que ce que l’on imaginait, pour l’encre électronique.

Pendant ce temps, E-Ink accumule les records, le dernier en date concernant le mois de Janvier, avec une augmentation de 147 % des livraisons par rapport à l’année précédente, alors que le mois de Janvier est traditionnellement un mois creux dans ce domaine (source : Digitimes)

Deux technologies différentes

La technologie E-Ink repose sur des milliers de micro-capsules d’encre électronique de la taille d’un cheveu, elles mêmes remplies de liquide et de pigments noirs et blancs, chargés positivement pour les blancs et négativement pour les noirs. Sous l’impulsion d’un courant éléctrique, les pigments montent ou descendent, générant le fond blanc , le texte en noir, et les différents niveaux de gris. De nouvelles possibilités permettent de créer des sous-pixels dans chaque micro-capsule, ce qui ouvra le voie à la haute définition. C’est la technologie utilisée par les écrans qui équipent la gamme des Kindle d’Amazon, ou encore la gamme Sony Reader.

La technologie SiPix est à peu près similaire, à la différence que les billes sont toutes blanches, baignées dans un liquide réagissant aux impulsions électriques aussi, mais noir. Les particules, toutes blanches, montent à la surface ou restent au fond en fonction de la polarité électrique appliquée. C’est la technologie utilisée par les écrans qui équipent le Fnacbook, le Oyo ou le Cybook Orizon.

E-Ink grand gagnant sur le plan de la lisibilité.

La technologie E-Ink est reconnue pour être plus au point, plus aboutie.
Pour ce qui est des résultats, les avis des professionnels sont unanimes : l’écran Sipix est en retrait par rapport à l’écran Pearl ou même Vizplex (l’ancienne génération E-Ink). Le texte est moins noir, et le fond moins blanc, ce qui donne un contraste inférieur.

L’écran Pearl, primé, et encensé par tous ceux qui ont pu le tester, est déjà au dessus du lot.

Maintenant, E-Ink veut aller plus loin, en collaborant avec des entreprises comme Freescale et Epson pour accélerer l’encre électronique , et optimiser encore la définition (comme dans le cas du iRiver story cover HD).
E-Ink continue donc de prendre encore plus d’avance technologique en créant un véritable environnement optimisé pour les écrans qu’il produit, grâce à des partenariats stratégiques qui lui permettent de faire progresser rapidement les résultats. Ainsi, les écrans, couplés à des processeurs adaptés spécifiquement, donnent des résultats aux performances toujours optimisées.
Les ingénieurs responsables de l’écran SiPix ont donc du travail en perspective s’ils veulent rattraper E-Ink. Ce travail doit d’ailleurs avoir commencé depuis un certain temps déjà, et je pense que des annonces ne devraient pas tarder.

L’arrivée de la couleur changera t-elle la donne ?

Des acteurs comme Bridgestone ou Fujitsu sont là, le dernier ayant d’ailleurs des arguments à faire valoir dans ce domaine, puisque c’est un des seuls écrans qui m’a donné l’impression d’être abouti.

Si ces acteurs étaient absents pour la 1ère vague des écrans noir et blanc, pas sûr qu’ils soient absents pour l’arrivée de la couleur.

Mais bien sûr, on peut compter sur E-Ink, qui propose son écran Triton (sur la photo), un écran qui a bénéficié de tout le savoir-faire technologique et marketing de la marque.

E-Ink est d’ailleurs partenaire de l’appareil couleur de Hanvon, qui sera le premier du genre commercialisé (photo ci-dessous). C’est donc l’écran E-Ink qui sera le premier embarqué dans un lecteur diffusé en grande quantité. Et il ne faut pas oublier que le lecteur proposera de la haute résolution.

De l’autre côté, il y a la longue expérience de Fujitsu qui peut se vanter d’avoir sorti il y a longtemps maintenant le 1er lecteur à encre électronique couleur, passé inaperçu. C’était en mars 2009.

Mais cette expérience a permis à Fujitsu d’évoluer, et le Flepia 2 arrive (ci-dessous), avec des couleurs incomparables à mon avis à celles proposées par E-Ink et le triton.

Fujitsu doit donc attendre pour commercialiser sa technologie, qui a de l’avance, à moins que, comme cela vient d’arriver à Liquavista (racheté par Samsung), une autre grande entreprise décide d’acquérir cette technologie.

Mais on peut imaginer qu’avec les moyens financiers et techniques disponibles, E-Ink arrivera à rattraper son retard….

En tout cas, le combat pour la domination du marché de l’encre électronique existe toujours. Et même si les tablettes ont pris une partie du marché, la technologie de l’encre électronique n’est pas prêt d’être enterrée, loin de là….