Va t-on vraiment vers un modèle gratuit pour le Kindle ?

Au delà des rumeurs, est-ce pertinent pour Amazon ?

Proposer le Kindle gratuitement pour étendre sa base de consommateurs, et fonctionner sur un modèle économique où les ventes d’ebooks seraient la seule et unique source de revenus, voilà la théorie du moment, celle dont tout le monde parle. Comment Amazon peut-il réellement s’y prendre pour proposer ses lecteurs gratuitement ?

Qui refuserait le Kindle s’il était gratuit ? C’est la question à laquelle Amazon a déjà certainement répondu depuis un certain temps. L’enjeu du gratuit pourrait donc être la prochaine tentation du géant de l’internet.

D’où viennent les rumeurs persistantes d’un Kindle gratuit ?

Il y a plusieurs sources :

La théorie de la gratuité programmée…

Elle est illustrée par ce graphique désormais célèbre qui « montre » que le Kindle pourrait être proposé gratuitement d’ici fin 2011. J’ai déjà parlé plus en détails de cette courbe ici.

Mais même si cette courbe montre une stratégie, rien ne prouve que celle-ci s’arrête à zéro !

Malgré tout, cette théorie de John Walkenback qui date d’octobre 2009, est pour l’instant validée par les faits, toute fantaisiste qu’elle ait l’air d’être.

Amazon Prime envisagé pour subventionner le Kindle

Il y a aussi une rumeur qui circule depuis longtemps sur une éventuelle offre dans laquelle le Kindle serait gratuitement offert à tout souscripteur de l’offre Amazon Prime (expliquée plus loin). Or cette rumeur, lancée il y a à peu près un an par le site Techcrunch, est de retour, relancée sur le site Cnet US qui parle de bruits de couloirs à Seattle.

Les premières offres de gratuit existent

Il y a d’abord le Kindle gratuit en Angleterre dans le cadre de l’achat d’un téléphone et de son forfait, une offre commerciale bien réelle, faite par l’enseigne Anglaise « The carphone WareHouse ». Il y a aussi une offre, faite par une banque Américaine, la People United Bank, pour une ouverture de compte avec un dépôt minimum de 25 dollars.

Il faut surtout se placer dans le cadre de la stratégie d’Amazon, qui a choisi depuis le début de penser sur le long terme. Amazon est prêt à ne rien gagner le temps nécessaire pour prendre le marché. C’est la base utilisateurs qui, à terme, vaudra de l’or, et ça, Amazon le sait.

3 modèles possibles pour un Kindle gratuit.

Le gratuit n’est gratuit que pour celui qui en profite. Il faut quelqu’un d’autre pour payer, bien sûr. Alors qui peut donc payer à notre place, et dans quel but ?

Le Kindle financé par les ventes d’ebooks:

-Une première option, consisterait à vendre le kindle à un prix symbolique, et compter sur les ventes d’ebooks.

-Une seconde option pourrait consister à acheter des « crédits ebooks prépayés ». Pour une certaine somme, il serait possible d’obtenir le Kindle gratuitement. Cela aurait l’avantage de créer une habitude d’achat sur le Kindle Store,  et de financer une partie de l’investissement.

-Une dernière option serait le modèle de l’abonnement de la téléphonie mobile. Une solution qui n’est pas, pour l’instant en tout cas, d’actualité.

Dans tous les cas, le pari est le même : en offrant le Kindle, l’augmentation des ventes d’ebooks génèrera des bénéfices supérieurs à la subvention du Kindle par Amazon.

Mais il y a une autre voie, moins difficile…

Le Kindle financé par les achats sur Amazon

Pourquoi se cantonner à financer le Kindle avec les ventes d’ebooks. On peut imaginer que le Kindle soit financé par les achats effectués sur Amazon en général, la maison mère, dont les activités se diversifient de plus en plus.

C’est le modèle que certains envisagent, aidé pour cela de l’offre Prime de Kindle. Le concept permet, pour 79 $ par un an, de se faire livrer gratuitement en – de 48 heures n’importe quel achat effectué sur Amazon.

En offrant un Kindle à ceux qui souscriraient à cette offre, Amazon pourrait vouloir transformer ceux qui comptaient n’acheter que le Kindle en consommateurs Amazon, ainsi faire d’une pierre deux coups.

Le Kindle financé par des acteurs extérieurs

En laissant des acteurs, qu’ils soient des opérateurs téléphoniques, banques, ou finalement tout acteur qui est prêt à payer le prix d’un Kindle pour acquérir un nouveau client, Amazon aurait un énorme avantage : il serait payé, alors que le consommateur obtiendrait le Kindle gratuitement.

Manifestement, c’est déjà ce qui est en train de se passer actuellement…

Si le Kindle devient gratuit, les autres devront suivre…

Il est déjà gratuit dans les deux cas au moins dont j’ai parlé ici, subventionné par des opérateurs extérieurs, ce qui signifie qu’Amazon a donné son accord. Il est donc envisageables que ce genre d’offre se multiplie.

En ce qui nous concerne, il faudra d’abord qu’Amazon propose le Kindle en France, et qu’il propose le catalogue qui va avec. Sur ce point, Amazon devra se battre avec des éditeurs à qui Frédéric Mitterrand a demandé de faire front uni, pour faire respecter le prix unique du livre numérique…

Ce qui est certain, c’est que si Amazon propose le Kindle gratuitement et que l’offre se généralise, alors les autres acteurs devront suivre….ou périr.